vendredi 11 juin 2010

[URU-FRA] Avant-match

Tout est prêt pour le match !


Ah ouais nan c'est pas ça !


Ça c'est rock'n'roll !

[AFS-MEX] Avant-match

Et l'arrivée du bus de l'Afrique du Sud, commentée par Edgar Dévisse, Le Merlu Frisé, Clarence Cyborg, Vieux Légume et mbfcs2.

J - 0

Bon bah... La Coupe du Monde, c'est parti !
Du coup, ce matin, je suis allé acheter une grande Tivi pour voir la Coupe du Monde en belle résolution. Bon, 32" dans 20 m2 c'est assez impressionnant, j'ai l'impression que Christian Jeanpierre est dans mon lit quoi...

Tiens, ca c'est un exemple

Bonjour vous...

Ah là par contre...

L'envers du décor

Nous y voilà. Dans quelques heures maintenant, la Coupe du Monde 2010 aura débuté, avec son premier rituel, un match d'ouverture - Afrique du Sud-Mexique - que seule une Coupe du Monde peut nous faire regarder avec intérêt. Pour expliquer ce phénomène, il faudrait avant tout dépeindre l'envers du décor d'une Coupe du Monde. Parce que les fans de foot le savent bien, il n'existe pas d'évènement comparable (allez, peut-être l'Euro). Ce Mondial Sud-Africain sera mon cinquième, et chacun des quatre premiers a laissé une marque indélébile. Même des années après, je me souviens des détails plus que d'ordinaire. Le mois qui vient n'y échappera pas.

- 1994 -

En 1994, ma première Coupe du Monde rime avec découverte. Quatre ans plus tôt, je n'avais pas encore cette passion assassine pour le foot, et personne avec qui regarder les matches. Il est fort probable que le soir de la finale, la télé était branchée sur une émission de variétoche ou un improbable film sur la Cinq (on était pas si loin de l'Italie que ça, finalement). Je me souviens pourtant d'un porte-clés mascotte du Mundiale Italien, mais c'est mon seul souvenir, et les heures passées à jouer à World Cup Italia '90 sur Master System sont complètement dissociées d'un quelconque souvenir footballistique.

C'est donc en 1994 que je découvre pour la première fois une Coupe du Monde, avec mes premiers bagages de footeux (deux finales européennes pour l'OM, le fameux France-Bulgarie). La France en est absente, mais l'occasion est trop belle. A cette époque, tout ce qui parle de la Coupe du Monde tombe dans mes bras : l'album Panini se remplit à grande vitesse, l'album parallèle est plein aussi, les cartes Upper Deck s'additionne, les magazines s'entassent, les posters s'accrochent. Décalage horaire oblige, mes 10 ans et ma haute carrière scolaire ne me permettent pas de tout suivre, même si la cour de récré rassemble déjà les analyses les plus pointues ; je me souviendrais toujours du "ils sont forts les Roumaniens". A cet âge, j'en suis encore à préférer une équipe pour sa couleur de maillot ou parce que son attaquant a joué à Cannes et que j'ai sa vignette Panini.

Pourtant, les souvenirs sont nombreux. Je me souviens de mon premier match, relégué sur la petite télé dans la cuisine en tant que seul amateur de foot, pour voir l'ouverture Allemagne-Bolivie, et l'exclusion d'Etcheverry à peine rentré sur la pelouse. Ce sera mon QG pour la compétition. Je me souviens aussi des commentaires de Guy Roux pendant un somptueux Argentine-Roumanie (ah, l'équipe d'Hagi...) et les blazers "TF1 Sport" qui donnaient même de l'allure à Frédéric Jaillant... Des matches joués en plein soleil, des équipes que je n'imaginais même pas, des buts Saoudiens aussi. Et puis une finale, dont je ne me souviens plus vraiment. Une Coupe du Monde qui passe aujourd'hui pour terne, mais qui aura constitué mon premier souvenir de Mondial.

- 1998 -

Avant ça, j'avais compris que la Coupe du Monde 1998 serait en France. En voyant les ados de 14 ans, je me disais "en 1998, je serai grand comme eux !", tant ça me paraissait loin. Cette fois, la France directement qualifiée, j'assistais à mes premiers matches en tant que supporter, même si l'Euro 96 en Angleterre m'aura déjà fait goûter de loin à cette sensation. L'ambiance environnante n'est évidemment plus la même. La France est un pays de football, et on sent beaucoup plus la pression autour de l'Equipe Nationale. On mange France 98, on dort France 98, Footix s'est installé partout, des maillots aux serviettes en papier. Je n'y échappe pas, et j'ai même obtenu pour l'occasion d'un maillot des Bleus avant la compétition, le dernier sans étoile, donc. Dès le début des éliminatoires, à vrai dire dès l'attribution de l'organisation à la France, je collectais tout les articles sur l'évènement. Ah ! Qu'il sera beau le Grand Stade Jules-Rimet de Melun-Senart !

Le virus du foot m'ayant frappé depuis longtemps, je ne me fais pas prier pour enchaîner les matches sans déglutition. Je m'étais même préparé mon propre guide de la Coupe du Monde, rayé les visages de Ba, Maurice et Letizi dans mon album Panini. Je regarde le plus de matchs possibles, quitte à m'ennuyer devant un Brésil-Maroc.

Le tournoi se déroule tellement bien pour les Français que la pression relative du supporter Bleu que je suis commence à partir des huitièmes de finale. L'angoisse que le tournoi peut se terminer très vite... J'arrive à convaincre mon père de regarder ce France-Paraguay, un dimanche après-midi, et l'ambiance qui devient de plus en plus lourde... Le mercredi suivant, c'est seul que je regarde France-Italie. Lorsque Bixente Lizarazu rate son tir-au-but, je crois revoir Amoros en 1991, avec l'OM. C'est là mon premier réflexe débile de supporter : je m'enferme sans aucune raison dans les toilettes, pour ne plus rien entendre, comme si cela pouvait influencer le score. Pourtant, c'est raté sur un point : j'entends très vite Pierre Sled s'enflammer de l'arrêt de Barthez sur le tir d'Albertini. Ma feinte des toilettes ayant une emprise phénoménale sur les Italiens, c'est tout naturellement qu'à chaque tir, entre deux aller-retours pour connaître le nom du tireur, que je vais me réfugier dans le nouveau lieu saint. Jusqu'à ce que le tir de Di Biagio heurte la barre et qualifie la France.

Le match contre la Croatie sera tout aussi éprouvant. Jusqu'ici, je n'ai assisté à aucune défaite de la France en Coupe du Monde. C'est le soir, j'ai encore une fois convaincu mon père de regarder le match. Une fois encore, le match est tendu. Juste après la reprise, et après que mon père ait lancé une bonne centaine de fois lors des quarante-cinq premières minutes "ah bah ça y est c'est perdu", le but de Suker amène un "ils vont pas nous faire ça" bien plus sincère. Mais mon France-Allemagne 82 n'arrivera pas, Thuram polit la pointe de ses pieds et en plante deux. Je commence à comprendre l'engouement populaire quand j'entends dans les immeubles aux alentours les cris de joie qui accompagnent les buts et le coup de sifflet final...

La finale se déroulera comme dans un rêve. Je ne me souviens pas avoir stressé réellement. Le premier but intervient si rapidement, la France domine tellement qu'on sent qu'il ne peut rien arriver aux Bleus. Là, je découvre la joie des voisins, et pour ma première Coupe du Monde avec les Bleus, la victoire est au bout. Forcément, ces souvenirs ont un peu occulté les autres matches, comme le parcours de la France leur avait déjà donné un goût secondaire sur le moment. Je me souviens avoir vu la fin du Pays-Bas-Argentine à Marseille, ratant le fabuleux but de Bergkamp, mais surtout me demandant comment l'Argentine pouvait être à 10. Je me souviens ne pas comprendre Beckham face à cette même Argentine, lorsqu'il crochète sournoisement Diego Simeone, mais je me souviens surtout du but de Mickael Owen - la future star mondiale à n'en pas douter (bon il a eu le Ballon d'Or quand même). Mais forcément, après avoir vu ça...

- 2002 -

En 2002, l'Euro 2000 est passé par là. La France a fait le doublé, et c'est naturellement qu'elle est annoncée comme favorite. Vainqueur en 98, elle est qualifiée d'office. Les Français sont intouchables, un peu comme le Bac pour moi : deuxième tentative cette année-là, interdiction de le rater, forcément. Pas le bon moment donc. Heureusement, le football décidera pour moi.
Le tournoi débarque pour la première fois en Asie, ce qui implique des aménagements dans l'emploi du temps. Le premier match des Français, face au Sénégal - du gâteau - démarre en tout début d'un après-midi où je n'ai pas cours. Je regarde une piteuse équipe de France avec un esprit de bachotteur, se demandant ce qu'il se passe. Pire que ça, aucune émulation ne se trame autour de la Coupe du Monde. Les matches sont ennuyeux, et les révisions prennent le dessus. Les horaires, l'impression d'être loin avec ces matchs éclairés comme au néon, tout ça ne laisse pas de formidable souvenirs. Mais ils en laissent pourtant : cette année-là, je regarde un certain nombre de matches chez ma grand-mère ; inutile de dire que les drapeaux n'avaient pas rempli la pièce. Cette Coupe du Monde laissera finalement des souvenirs inattendus, comme le match qui reste pour moi le plus surprenant : Chine-Costa Rica (ça fait envie hein !), ou le score de baby-foot entre l'Allemagne et l'Arabie Saoudite, 8-0, sur un terrain que l'on croirait de futsal.

Pour le reste, rien de bien fabuleux : je croyais que la Belgique allait pouvoir accrocher les Brésiliens, la finale "rêvée" entre le Brésil et l'Allemagne accouche d'une souris, la Corée du Sud offre un parcours sympa mais perdu d'avance. En même temps, cette Coupe du Monde n'a pas existé, alors...

- 2006 -

2006, c'est la première Coupe du Monde où l'organisation extérieure prend de l'importance. On se consulte pour savoir qui est libre, quand, et où. Le qu'est-c'-tu-fais-c'soir est de mise. Mais encore une fois, c'est autour de l'Équipe de France que tout se construit. Contrairement à 2002, la France fait craindre le pire. Le premier match contre la Suisse est poussif, mais le premier point est pris. Ça sent mauvais. C'est encore seul que je regarde l'Équipe de France prendre un pauvre point face à la Corée du Sud. Là, pas moyen de laisser passer ça. En 2002, j'y croyais déjà lorsque la France avait une infime chance de se qualifier lors du dernier match face au Danemark. Mais cette fois, face au Togo et sans Micoud, la conjecture est différente. L'équipe constituée pendant l'Euro 2004, flanquée de mes potes Dédé et Loïc, c'est de la bombe. La Taillefine agrumes devient signe de victoire : plus aucune défaite lorsque j'en bois, même si c'est absolument mauvais.

En huitième, c'est seul que je vois la France battre l'Espagne. Seul, et dans la cuisine pendant les dix dernières minutes, priant pour que l'Espagne n'égalise pas. En quarts, on s'extasie devant l'influence de la Taillefine sur les inspirations de Zidane. En demi, face au Portugal, on s'ennuie sévèrement, mais l'essentiel est là. Cette génération nous offre une deuxième finale en 8 ans.


Tout le monde est réuni devant la télé. Très vite, Zidane frappe un pénalty. J'avais déjà inauguré la technique du "je-regarde-pas", qui provoque un certain émoi : le ballon frappe la barre avant de rentrer de quelques centimètres dans le but. Les yeux fermés, ça donne un tout autre mélange : un début de "ahhhhhh" effrayé, suivi d'un "ohhhhhh" appeuré, d'un "naaaaaan" énervé puis d'un "ouaaaaaaaais" soulagé et presque moqueur. J'ouvre les yeux. Je demande "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" en voyant Zidane courir, fétant son but en courant comme s'il avait les fesses serrées. Le ralenti m'explique. Et puis, le match tourne mal, jusqu'aux tirs-aux-buts. Je ne suis pas chez moi, les toilettes ne me sauveront pas cette fois. C'est dans le couloir, recroquevillé, les mains sur les oreilles, la tête dans les genoux, que je ne veux pas voir le dernier tir Italien. Depuis 1998, les Bleus restent Champions du Monde. Je n'ai rien vu qui me prouve le contraire.

Quatre histoires, quatre Coupes du Monde (même si celles de 2002 et 2006 ne comptent pas), mais surtout des tiroirs à souvenir. C'est pourquoi pour cette Coupe du Monde, plus que les résultats sportifs, je veux me consacrer à mettre en avant l'envers du décor, et c'est ainsi que j'aurais le plaisir de raconter ce qui a été MA Coupe du Monde dans ce Blog, "Notre Mondial 2010". Ce qui fait que ces moments là seront encore dans ma mémoire dans quelques années.